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jeudi 5 décembre 2013
CENTRAFRIQUE LES DIAMANTS DE SANG LES VAUTOURS AU CHEVET
L'ONU AUTORISE UNE INTERVENTION FRANÇAISE EN CENTRAFRIQUE
Des soldats patrouillent dans les rues de Bangui, le 5 décembre 2013 en Centrafrique
L'ONU a autorisé jeudi les forces françaises à intervenir en Centrafrique en appui à une force internationale, quelques heures après un nouveau massacre inter-religieux à Bangui et le déploiement de soldats français dans la ville.
Des tirs d'armes automatiques ont éclaté avant l'aube dans la zone du PK-12, dans le nord de la capitale, pour s'étendre à d'autres quartiers, avant de diminuer d'intensité en fin de matinée.
Dans l'après-midi, des journalistes de l'AFP ont comptabilisé au moins 54 cadavres rassemblés dans une mosquée du centre-ville, et 25 cadavres gisant dans les rues voisines, abandonnés sur le bas côté. Les corps portaient des marques de blessures à l'arme blanche et par balles.
La Centrafrique est plongée dans le chaos et un engrenage de violences communautaires et inter-religieuses entre chrétiens et musulmans depuis le renversement en mars du président François Bozizé par une coalition hétéroclite à dominante musulmane, la Séléka.
Ces violences se sont multipliées ces dernières semaines, à Bangui et en province, dans un pays en totale décomposition, comptant 4,6 millions d'habitants sur un territoire grand comme la France, au coeur du continent.
"Protéger les civils"
La résolution de l'ONU, adoptée à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil sur proposition de la France -- ancienne puissance coloniale -- autorise les soldats français en RCA à "prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Misca (force africaine en RCA) dans l'accomplissement de son mandat.
La Misca pourra se déployer "pour une période de douze mois", avec pour mission de "protéger les civils, rétablir l'ordre et la sécurité, stabiliser le pays" et faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire.
La force doit compter jusqu'à 3.600 hommes, mais n'en rassemble pour l'instant que 2.500, mal équipés et entraînés.
Dans le cadre de l'opération Sangaris (du nom d'un papillon rouge), la France dispose déjà sur place d'environ 600 hommes. Elle doit tripler son contingent, qui passera à 1.200 hommes, chargés notamment de sécuriser l'aéroport de Bangui et les principaux axes par où transiteront les convois humanitaires.
Dès que le président français François Hollande "aura donné le top, les choses vont aller très vite", a prévenu son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, alors que se tient ce vendredi et samedi à Paris un sommet franco-africain sur la paix et la sécurité en Afrique.
"Vu l'urgence, mon souhait est que l'intervention se fasse (...) immédiatement après la résolution", a déclaré de son côté depuis Paris le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye.
Selon le porte-parole de l'état-major français, le colonel Gilles Jaron, "environ 250 soldats français se sont déployés" jeudi matin dans Bangui" depuis leur base près de l'aéroport, avec pour mission de "sécuriser les points sensibles" et de regroupement pour les étrangers.
"Vers 03H00 (02H00 GMT), il y a eu des accrochages entre des ex-Séléka et des éléments armés non identifiés (...) les forces françaises ont dû réagir", a-t-il expliqué.
Soif de vengeance
Dans une allocution radio-diffusée à la mi-journée, le président Michel Djotodia, issu des rangs de l'ex-rébellion Séléka, a appelé la population terrorisée "à garder son calme": "l'armée française est une amie de la Centrafrique", les soldats français "ne se sont pas déployés pour soutenir un camp au détriment d'un autre", a-t-il souligné.
M. Djotodia a par ailleurs annoncé l'extension immédiate de quatre heures du couvre-feu, imposé désormais de 18H00 à 06H00.
CENTRAFRIQUE : LA CRISE EN 5 QUESTIONS
Lundi soir, la France a soumis à ses partenaires du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution visant à renforcer la Mission internationale de soutien à son ancienne colonie plongée dans le chaos.
>>> POURQUOI LA FRANCE INTERVIENT-ELLE ?
"Un millier de soldats français vont être déployés en Centrafrique pour une période brève, de l’ordre de six mois à peu près", a confirmé mardi le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian.
La France entend ainsi rétablir l’ordre et le calme dans un pays en proie aux violences, aux exactions, aux viols et aux rackets.
La situation, préoccupante depuis l’arrivée au pouvoir par la force en mars dernier du président autoproclamé Michel Djotodia, a pris une tournure encore plus inquiétante ces dernières semaines, au point de faire dire il y a cinq jours à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, que "le pays était au bord du génocide".
>>> QUI DÉTIENT LE POUVOIR AUJOURD'HUI ?
A l’origine de la chute de François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2013 à la suite d'un coup d'État : les rebelles du Seleka - une vaste coalition à majorité musulmane regroupant initialement d’anciennes forces rebelles et des partis politiques d’opposition.
Ces mouvements accusaient Bozizé de ne pas avoir respecté pleinement les accords de Libreville, signés le 11 janvier 2013. Le traité prévoyait notamment un gouvernement d’union nationale, qui devait leur permettre d'accéder à des postes clefs au sein des ministères les plus importants.
Au terme d’un putsch éclair, les forces de la Seleka venues du nord du pays, sont parvenues à prendre Bangui le dimanche 24 mars. A 18h30, Michel Djotodia, chef de la Seleka, annonce être le nouveau président du pays.
Très rapidement, Djotodia s'est trouvé débordé par la coalition qui l'a porté au pouvoir. Des soldats de la Seleka ont commencé à s'en prendre, à Bangui et en province, aux anciens partisans du président Bozize
>>> S'AGIT-IL D'UN CONFLIT POLITIQUE OU RELIGIEUX ?
Le conflit était avant tout politique, mais il a vite pris un caractère intercommunautaire, opposant chrétiens et musulmans.
"Dès qu’un musulman a un petit pépin, une dispute avec un frère chrétien, il appelle la Seleka à la rescousse qui règle le problème à sa manière, en pillant et en tuant les villageois chrétiens pour un rien", expliquait Nestor Désiré Nongo Aziagbia, évêque de Bossangoa, à Rue89.
Il semble établi que des membres de milices islamistes se soient greffés à la Seleka (qui compterait entre 15.000 et 20.000 combattants dont au moins 10.000 se sont ralliés lors de la prise de Bangui) et fassent, eux aussi, régner la terreur dans les villages chrétiens.
Les civils chrétiens se sont organisés en milices d’autodéfense, les "anti-Bakala" (anti-machette, en Sango, la langue nationale). Ils se sont vengés en s’en prenant à la population musulmane, supposée être de connivence avec le gouvernement au pouvoir, et aux rebelles de la Seleka.
>>> JUSQU'OU LE CONFLIT PEUT-IL S'ÉTENDRE ?
Les 8 et 9 septembre, la guerre civile centrafricaine a pris une nouvelle dimension. A l’ouest du pays, entre Bossangoa et Bouca, des combats entre la Seleka et des pro-Bozizé ont fait près de 100 morts.
Pour Michel Djotodia, impuissant, la situation est devenue incontrôlable. A telle enseigne, que le 14 septembre, il a déclaré la "dissolution" immédiate de la Seleka. Toutefois, cette annonce n’a été suivie d’aucun effet et les violences se sont poursuivies partout en Centrafrique.
Dimanche 25 novembre, c’est un haut-magistrat qui a été assassiné à Bangui par des rebelles de la Seleka pourtant dissoute.
>>> QUEL EST LE PÉRIMETRE DU DISPOSITIF FRANCAIS ?
"La France accompagnera une force africaine déjà en cours de constitution, composée d'éléments militaires venus des pays voisins pour faire en sorte que ce massacre s'arrête", a précisé Jean-Yves Le Drian sur Europe 1.
Un millier d'hommes seraient concernées dont les 410 militaires français déjà basés à l’aéroport de Bangui, la capitale. Environ 350 hommes ont été embarqués à bord du BPC Dixmude, un bâtiment de la Marine nationale, qui a quitté Toulon samedi à destination du golfe de Guinée.
900 soldats sont présents au Gabon sur l’une des quatre bases militaires permanentes françaises prépositionnées en Afrique. Une partie d'entre eux pourrait être affectée à l'intervention en RCA.
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