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mercredi 18 septembre 2013

L ALPHA ET L OMEGA DE LA VIE POLITIQUE SENEGALAISE

Rira bien qui rira le dernier ! Dans sa livraison n° 593 du vendredi 13 septembre 2013, le quotidien LA TRIBUNE barrait sa Une avec « Les excès de Farba Ngom Bour Gueweul ». En effet Farba Ngom, alias « Bour Guéweul », griot attitré du Chef de l’État, et qui passerait même pour un « vice-président » selon les mauvaises langues, a laissé les Sénégalais pantois avec les révélations fracassantes de l’inauguration, en grandes pompes, de son château de plus de 600m2, d’un coût de 700 millions de francs C FA, dans le quartier très huppé des Almadies, au moment où la banlieue dakaroise patauge encore dans les eaux glauques, nauséabondes, fétides et saumâtres des inondations. Si un simple troubadour du Président de la République fait un étalage indécent d’une telle opulence, on n’ose imaginer l’immensité de la fortune de « Bour le roi ». C’est le temps de la toute puissance de l’APR et de ses suppôts en pleine bourre et grisés par l’ivresse du pouvoir qui les fait pavoiser, rigoler et faire des gorges chaudes des tourments du PDS de Abdoulaye Wade qu’ils n’arrêtent pas de traquer et de REWMI de Idrissa Seck qu’ils se plaisent à décimer. Mais cette arrogance n’est pas une nouveauté en soi. On en a vu d’autres. Pendant que Farba Ngom étrennait sa luxueuse et cossue villa en bordure de mer, en présence de tout le gratin de la République, les Dakarois ne savaient plus où donner de la tête entre les affres de la vie quotidienne et les misères que la SENELEC et la SDE leur faisaient endurer dans la fourniture du « jus » et de la « flotte » de mauvaise qualité et ponctuée par des coupures intempestives et prolongées qui plongent les populations dans les ténèbres et/ou les assoiffent littéralement. Il s’y ajoute que, non contentes d’arnaquer les pauvres consommateurs sénégalais, avec des factures (sur)estimées et très salées du fait de hausses des tarifs clandestines, ces deux sociétés pèchent dans le rationnement en eau et en électricité. Le paroxysme a été atteint durant les journées pénibles des 12, 13, 14, 15, 16 et 17 septembre 2013 (ouf !) au cours desquelles, du fait dit-on d’un tuyau cassé à l’usine de Keur Momar Sarr, Dakar et plusieurs agglomérations du pays se sont retrouvées sans une goutte d’eau pendant une éternité. Une situation qui a naturellement jeté sur les artères de nos villes et bourgades des colonnes entières de chercheurs d’eau pour étancher leur soif. Une corvée digne des temps immémoriaux, mais remise au goût du jour au Sénégal en l’an 2013. S’il y a alors un secteur où le gouvernement de Mimi Touré pas du tout dégourdi doit se grouiller à « accélérer la cadence » c’est bien celui de l’Hydraulique confié au ministre-transhumant Pape Diouf, afin de mettre un terme à l’interminable pénurie d’eau qui a asséché les gosiers des abonnés. Mais on a comme l’impression que ce régime de Macky Sall, qui n’a que 18 mois d’existence, est frappé par l’usure du pouvoir tant ses bourdes à répétition, son impéritie et son état de sclérose chronique ont achevé de convaincre les plus sceptiques qu’il a véritablement atteint ses limites objectives. Ce qui est plus désolant encore c’est que Macky Sall, en dépit de son si riche parcours qui lui a fait gravir tous les échelons de l’État, soit devenu un si piètre Président de la République et qu’il traine un si lourd passif dans son bilan d’étape, comme vous pouvez en juger dans les lignes qui suivent. Hormis la fortune colossale de Macky Sall de plus de 8 milliards de francs CFA révélée dans sa Déclaration de patrimoine il y a les scandales des marchés de gré à gré, des décrets d’avance, du non-respect du Code des marchés publics, des hectares de terre indûment offerts au Président Macky Sall à Toubacouta, la gestion calamiteuse des inondations, le népotisme au sommet de l’État avec la dynastie des « Faye-Sall », la « gouvernance insidieuse à la place de la gouvernance vertueuse » Pr. Ibrahima Fall dixit, les nombreuses dérives du Parti-État jusque dans l’enceinte du Palais présidentiel transformé en officine de l’APR au moment où on scande a cor et a cri le slogan creux et pompeux de « la patrie avant le parti » quand pas moins de 22 agences étatiques sont dirigées par des responsables de l’APR, la cherté de la vie illustrée par les prix des denrées de première nécessité qui sont hors de portée des « goorgoorlu », une situation qui ne pourra même pas être atténuée par les bourses familiales d’un montant de 25 000 F C FA / trimestre, l’agonie du secteur de l’agriculture, la baisse vertigineuse des recettes fiscales du fait de la fermeture des entreprises à un rythme industriel et de la raréfaction des investisseurs, le chômage des jeunes, l’insécurité galopante, le délit de non-assistance à nos compatriotes émigrés qui, chaque jour que Dieu fait, sont froidement abattus comme des lapins aux quatre coins du monde, etc. N’en jetez plus, la coupe est pleine ! Aussi, les derniers développements sur les dérives gabégiques et les actes de mal gouvernance sous Macky Sall, confortent-ils les esprits les plus irréductibles que ce régime n’a pas tiré les enseignements majeurs du passé récent. La conjonction entre les syndicats d’enseignants (SAES) et de travailleurs (SATUC) pour la constitution d’un large front de lutte pour l’approbation du budget de l’UCAD, à quoi il faut ajouter l’affutage des armes chez les étudiants, sur pied de guerre contre la hausse des frais d’inscription, présagent d’une rentrée d’octobre de tous les dangers à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Comme pour illustrer le mal-vivre des Sénégalais, la floraison de sarcasmes repris comme des refrains par les populations, indique à quel point ces dernières sont désabusées. « Deuk bi dafa Macky » a évolué vers « Deuk bi dafa Macky ba Marème » (le pays est bloqué !). Le modique billet de 500 F CFA a été rebaptisé « Macky » pour stigmatiser le manque d’envergure et de charisme du Chef de l’Etat. Les mouvements « Doyna sëkk ! » (Assez !) et « Feppay metti ! » (Tout va mal !) ne sont pas sans rappeler le mouvement « Rethiou » (Regret) né à Touba quelques semaines seulement après l’élection du Président Macky Sall. Dans la traque des biens supposés mal acquis qui fait office de programme du gouvernement, la moisson n’est pas fameuse. Ce que l’on constate, devant le bide enregistré à ce niveau, c’est une fuite en avant de Macky Sall et de son régime qui refusent d’admettre leur cuisant échec. Ainsi, ils maintiennent injustement Karim Wade & Cie en prison, pour l’écarter des élections locales dit-on au PDS, le temps aussi de chercher encore d’hypothétiques preuves « accablantes » après celles qu’ils avaient fabriquées de toutes pièces et qui se sont révélées infondées par la suite. C’est tout le sens de la 2ème mise en demeure servie à l’ancien « ministre du ciel et de la terre » par le Président Macky Sall par le truchement de son procureur très spécial. Seulement, à trop s’acharner sur Karim Wade, le Président Macky Sall a réussi la prouesse d’en faire un monstre politique qui se positionne comme un de ses plus sérieux challengers à l’occasion de la Présidentielle de 2017, sauf si le fils de l’ancien chef de l’Etat ne tombe pas sous le coup de l’éventuelle loi sur l’inéligibilité pendant 10 ans devant frapper les condamnés pour détournement de deniers publics que l’ancienne Garde des Sceaux Mimi Touré avait agitée. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, le régime de Macky Sall multplie les ravages, gaffes et couacs dans la traque des biens supposés mal acquis. Si ce n’est pas la partie française qui menace de retirer son offre d’entraide judiciaire devant les nombreuses bévues de la CREI sénégalaise dans sa quête effrénée des avoirs de Karim Wade « planqués » dans l’Hexagone, c’est le remake de la mesure d’interdiction de sortie du territoire sénégalais qui frappe Abdoulaye Baldé ; ce qui horripile tous les observateurs épris de justice. La deuxième alternance et « la rupture » tant chantée devaient signifier aussi la résurrection et la sublimation de certaines valeurs dont le Chef de l’État se doit d’en être le garant, de la même façon qu’il est le gardien de la Constitution. Mais quand on voit le Président Macky Sall cautionner, encourager et récompenser certaines contre-valeurs comme la détestable transhumance politique (nomination de Me Nafissatou Diop Cissé comme PCA du FONSIS, reconduction des ministres Pape Diouf et Oumar Guèye qui a mis sur pied le VRP rebaptisé Vil Raccourci vers le Président Macky Sall), l’hypocrisie et le reniement de convictions antérieures (rétractations des ministres Abdou Latif Coulibaly et Sidiki Kaba), ce n’est pas demain la veille de la restauration, au Sénégal, de l’éthique chère à feu-Kéba Mbaye. La même indignation reste valable quand on voit aussi le Président Macky Sall fouler au pays les vertus de fidélité et de loyauté en se séparant d’un fidèle compagnon des âges farouches et ami de toujours (Me Alioune Badara Cissé) pour appeler à ses côtés ses pourfendeurs d’hier et laudateurs d’aujourd’hui (Souleymane Jules Diop et Abdou Latif Coulibaly (encore lui !)). Le Président Macky Sall ne sort pas grandi également de sa propension à se doter d’une « armée » d’insulteurs publics (Moustapha Cissé Lô, Jean Paul Dias, Youssou Touré, Ameth Suzanne Camara, etc.). La seule idée que les deux derniers de la liste, membres éminents du réseau des enseignants de l’APR, appartiennent au corps noble des enseignants donne froid dans le dos. Car si l’éducation et l’instruction de nos enfants, à qui l’avenir du pays doit échoir, sont confiées à des hommes qui n’ont que l’injure et l’invective à la bouche, il y a de quoi frémir. Maintenant, tout ce qui a été dit plus haut est, toutes choses étant égales par ailleurs, moins grave que les actes posés par le Président Macky Sall, relativement à la revanche sur les Libéraux d’une part, au détournement ainsi qu’au travestissement du sens du vote des électeurs sénégalais lors de la dernière élection présidentielle, d’autre part. Alors qu’il est élu pour apporter des solutions aux problèmes des Sénégalais, le Président Macky Sall s’est détourné de cette mission pour placer son (unique ?) mandat inaugural sous le sceau de la vengeance sur ses anciens frères Libéraux. A l’issue du scrutin du 26 février 2012 (1er tour) le message lancé par les électeurs était clair et sans équivoque : « Nous ne voulons plus voir des politiciens comme Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck ainsi que leurs soutiens que sont Abdoualye Bathily, Amath Dansokho, etc.) Le message des électeurs sénégalais lors du scrutin du 25 mars 2012 (2nd tour) était tout aussi limpide: « Nous avons élu Macky Sall et l’avons installé sur le fauteuil présidentiel ». Il ne faut pas oublier au passage le chanteur et « roi du Mbalakh » Youssou Ndour dont le Conseil Constitutionnel avait invalidé la candidature, et qui était donc hors course. Maintenant, que tous ces recalés, chassés par la grande porte par les électeurs ou récusé par la Constitution, fassent des pirouettes pour revenir dans la course en passant par le petit trou de la serrure, à travers cette supercherie de Bennoo Bokk Yaakaar, pour prétendre « gagner ensemble et gouverner ensemble » et même siéger au Conseil des ministres ou trôner au Perchoir, revient à détourner les suffrages des Sénégalais avec la caution et l’onction d’un Président Macky Sall qui, suprême pied de nez à l’électorat, a transformé son fauteuil en…canapé présidentiel. Résultat des courses, on se retrouve dans une situation cocasse où, avec le retour en grâce des dinosaures politiques, les losers du premier tour deviennent les « vainqueurs » du second tour. Les derniers sont les premiers. Sacré Sénégal ! Il faut arrêter le massacre et respecter un peu les Sénégalais ainsi que notre Charte fondamentale. Avec le détournement de ses suffrages et de sa volonté clairement exprimée à travers le vote, le Peuple sénégalais souverain se retrouve ainsi abusé, trompé et trahi par Macky Sall. Alors, à défaut d’être mis en accusation par l’Assemblée nationale et jugé par la Haute Cour de Justice pour haute trahison (Article 87 de la Constitution / Loi constitutionnelle n°70-15 du 26 février 1970), le Président de la République devrait voir enclenché à son encontre une procédure de destitution afin d’écourter son mandat à l’effet d’abréger le martyre, les souffrances et les supplices des Sénégalais qui ne sauraient ronger leurs freins et attendre jusqu’en 2017. A cet égard, l’I DE MA (Initiative pour le départ de Macky) qui a été portée sur les fonts baptismaux il n’y a guère longtemps, mais qui est devenue aphone par la suite, devrait être réactivée. Une autre alternative réside dans le souci du respect du calendrier électoral selon lequel le mandat du Président Macky Sall expire en 2017 s’il respecte son engagement de réduire celui-ci. Dans cette perspective, le Peuple sénégalais, stoïque et sûr de son fait, convaincu que le « Syndrome Sarkozy » (Un seul mandat puis s’en va !) guette Macky Sall, peut laisser ce dernier en place et attendre patiemment son heure pour lui faire sa fête. Tout compte fait, destitution anticipée ou défaite à la régulière lors de la prochaine élection présidentielle, le Président Macky Sall finira tôt ou tard par quitter prématurément le pouvoir avant d’être traduit, en compagnie de ses ouailles, devant les juridictions ordinaires du pays pour…enrichissement illicite. Ce jour là, nous aimerions bien voir la tête de tous ces inconditionnels, « alliés », courtisans et thuriféraires de Macky Sall, goguenards aujourd’hui, et qui font actuellement la pluie et le beau temps au Sénégal, tout comme nous serions très curieux de savoir quels autres tours de passe-passe nouveaux les funambules et opportunistes de la République inventeraient encore pour transhumer vers le nouveau pouvoir. Rira bien qui rira le dernier ! Pape SAMB papeasamb@hotmail.com

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