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lundi 30 septembre 2013

UN LAXISME QUI NE DIT PAS SON NOM

CAUSES TECHNIQUES DE LA PENURIE D’EAU A DAKAR Sourd aux « coups de béliers » Malick NDAW | 27/09/2013 | Au fur et à mesure que l’on descend dans les profondeurs de l’eau, on remonte avec des éléments qui rendent compte, comme on l’a déjà dit, d’un laxisme coupable des autorités chargées du bon fonctionnement du réseau hydrique dans l’alimentation en eau de la capitale. Depuis 2009, elles ont fait la sourde oreille aux nombreux « coups de béliers » qui ont fini par faire céder l’infrastructure de distribution. Il est difficilement contestable que des améliorations substantielles ont été apportées par rapport à la situation qui prévalait à la fin des années 80, caractérisée par des infrastructures en état pitoyable, une pénurie d’eau récurrente y compris dans la capitale Dakar, et de fortes inégalités entre milieu urbain et milieu rural, entre Dakar et les autres villes, et entre quartiers urbains centraux et quartiers péri-urbains. La plus grande partie des progrès réalisés en matière d’extension des infrastructures et des connexions au réseau est d’ailleurs à mettre au compte de la société publique en charge des infrastructures, la SONES(Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal). Cependant, il est d’autant plus incontestable que la Sones qui a en charge de réaliser, dans les conditions précisées, les investissements nécessaires pour le renouvellement et l'extension de l'infrastructure en fonction de la politique de gestion des ressources en eau, a une grosse part de responsabilité dans la situation qui a conduit aujourd’hui à la situation de pénurie qui sévit dans la capitale sénégalaise. Du moins si l’on reconsidère les « alertes » à travers la correspondance adressée par la société exploitante, la Sde, le 15 mars 2013 à la Sones. Une correspondance dont le détail mentionne en objet, les «incidents récurrents sur la conduite antibéliers de l’usine brut de Keur Momar Sarr». Le texte de la correspondance qui fait part d’un «nouvel incident» sur ladite conduite mise en service en décembre 2004, fait en même temps l’historique de la récurrence en faisant d’abord état d’une fuite, en janvier 2009, sur la «culotte 800/500 mm» alimentant les antibéliers* dans la partie sous butée de la conduite. La même fuite a été constatée en octobre 2010 cette fois sur la colonne DN 500 mm de remontée des antibéliers. Il s’agissait selon la correspondance de la Sde d’un percement de la conduite suite à une corrosion avancée dont la réparation avait été faite par la soudure d’une plaque. Novembre 2012, rebelote, une fissure advient sur le piquage DN 800 mm qui alimente les ballons antibéliers. Il s’agirait précisément d’une fuite perpendiculaire au cordon de jonction des conduites DN800 mm et, cinq mois plus tard, la même fissure, sur le même piquage… Soi en neuf ans seulement de fonctionnement, quatre incidents majeurs avec des fréquences de plus élevées sur la partie de l’installation de l’Usine Keur Momar Sarr. Soulignant des risques réels d’usure irréversible de la canalisation qui conduirait à un arrêt complet de l’usine de production d’eau, la correspondance de la Sde concluait son texte en insistant sur le caractère «sensible et prioritaire de cette affaire » qui, ajoute le texte, «devrait être traitée avec une extrême diligence». Le débat se pose dès lors pour situer les responsabilités entre la Sde et la Sones tandis que le contrat d’affermage qui lie les deux parties série bien les responsabilités et autres obligations de l’une comme de l’autre. Celles qui pèsent sur le fermier (Sde) vont en fait au-delà de l'habituel en la matière et sortent du stricto sensu des contrats d'affermage, en mettant à la charge de ce dernier un certain nombre d'obligations en matière de travaux. Selon les termes du contrat d'affermage, les investissements pour le renouvellement et la réhabilitation du réseau de distribution et des branchements sont du ressort de la société d'exploitation (SDE). Ainsi celle-ci est tenue d'assurer les investissements nécessaires pour le renouvellement du matériel d'exploitation, des canalisations, outre les branchements et les équipements électriques et électromagnétiques. Pour tous ces renouvellements, des obligations ont été définies dans le contrat de performance en termes de kilomètres de canalisations. Il se trouve que des différends existent souvent, portant sur la prise en charge du renouvellement, qui de la SDE ou de la SONES doit faire les investissements ? Certaines sources soutiennent que la SDE « essaye toujours de surestimer le coût des renouvellements à faire », car quand les investissements sont supérieurs à 15 millions FCfa, c'est du ressort de la SONES, selon les termes du contrat. Toujours est-il que certains investissements ne seraient pas toujours effectués, surtout en ce qui concerne les entretiens des ouvrages et la préservation des ressources en eau. Or, les entretiens des infrastructures constituent un élément vital pour assurer une bonne qualité de service. Il n’empêche, la SONES, entité distincte de l'Etat, est dotée de moyens financiers (fonds propres, recettes courantes et emprunts) pour réaliser ses propres obligations conditionnant la réussite de la réforme institutionnelle de 1996. Du respect de ses obligations dépend celui des performances techniques et commerciales de la SDE, les performances contractuelles du fermier dépendant largement de la qualité de l'infrastructure qu'il exploite. Aussi, l'exigence de résultat qui pèse sur le fermier n'a de véritable mesure que par la qualité des moyens mis à sa disposition tandis que le reste doit être complété par son savoir-faire. Au-delà du ping-pong auquel se livrent les deux entités, une seule problématique demeure aujourd’hui incontournable : il appartenait à la Sones qui a un rôle de reporting de l'action de la SDE auprès de l'Etat, d’alerter quelque fut le cas de figure, les autorités sur les conséquences d’une telle situation, plutôt que de faire la sourde oreille aux « coups de béliers ». Quitte, une fois le pire évité, à se retourner par la suite contre le fermier Sde.

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