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lundi 30 septembre 2013

L EAU UN CASSE -TETE CHINOIS

Macky Sall : Le début de la fin ? (Par Amadou DIOUF) C’est la fin de l’état de grâce pour le Président Macky Sall. Jusqu’ici les Sénégalais sont demeurés indulgents à l’égard du successeur de Me Abdoulaye Wade, malgré les promesses non tenues, les tâtonnements, les errements, les incuries et l’arrogance de son régime. Mais leur patience a atteint ses limites quand, après deux semaines, Dakar est restée sans eau potable. Des manifestations, qu’il convient d’appeler les « émeutes de l’eau », ont éclaté dans la banlieue de la capitale sénégalaise (Niary Tally, Boune, Fass Mbao, Parcelles Assainies, Yoff…). Les populations ont affronté les forces de l’ordre qui tentaient de les empêcher de déverser dans la rue leur colère contre le régime du Président Macky Sall. Pneus brûlés, routes barrées : un spectacle qui rappelle les dernières années de règne de Me Wade. Le pouvoir du Président Wade a commencé à vaciller en 2008 avec les « émeutes de la faim » provoquées par une crise financière mondiale née des « subprimes » aux Etats-Unis qui, par effet d’entraînement, était ressentie jusque dans les pays du Sud comme le Sénégal. Il s’est ensuivi des manifestations contre les coupures intempestives d’électricité et la vie chère. Le point d’orgue de cette spirale d’indignation a été la manifestation du 23 juin contre l’examen d’un projet de loi à l’Assemblée nationale portant sur le quart bloquant et le ticket présidentiel (Président/Vice-président). La reculade du gouvernement face à la pression de la rue revigora les Sénégalais qui lancèrent une bataille à mort contre la candidature de Me Wade à la présidentielle de 2012. Dès lors, le Président Wade avait perdu le pouvoir bien avant les élections qui n’étaient plus qu’une simple formalisation de sa défaite. Cet épisode a fini de démontrer que les Sénégalais sont capables de s’indigner même s’ils sont de nature pacifique et savent souffrir dans le silence. Ah ! Le silence des Sénégalais. Il est souvent plus bavard que les récriminations ouvertement exprimées pour qui sait le décortiquer. Le député socialiste Barthélémy Dias, dont le parti (PS) est membre de la coalition présidentielle « Bennoo Bokk Yaakaar », a récemment demandé dans la presse au Président Macky Sall de décoder le message contenu dans le silence des Sénégalais face aux difficultés quotidiennes (la flambée de certaines denrées de consommation courante, le chômage des jeunes, les inondations et, actuellement, la pénurie d’eau potable et les coupures intempestives d’électricité). Malheureusement, le Président Macky Sall semble avoir la tête ailleurs. Il est préoccupé par le désir obsessionnel d’entrer dans la grâce des institutions internationales qu’il en devient sourd aux cris d’orfraie de son peuple. En réalité, le rêve du Président Macky Sall est de finir sa carrière politique à la tête d’une organisation internationale comme l’ONU. La révélation est de l’un de ses alliés de « Macky2012 », Moustapha Fall dit Che en l’occurrence. Pour cela, il a dévoyé le programme pour lequel il a été élu pour se lancer dans une réforme tous azimuts des institutions, des audits de l’administration, la traque des biens supposés mal acquis… Tout cela pour décrocher la médaille de champion de la bonne gouvernance qui pourrait lui permettre demain de matérialiser son rêve. Même si la reddition des comptes, l’assainissement de l’administration et la révision de la structure institutionnelle du Sénégal sont défendables, il y a une absence criarde du sens de la priorité par rapport aux attentes des Sénégalais. En effet, les Sénégalais ont élu le Président Macky Sall parce qu’il leur avait promis du riz, de l’huile, de la tomate… à moindre prix. En mettant le bulletin dans l’urne, certains avaient déjà la main dans le bol de « thiéboudieune » (le riz au poisson, le plat le plus prisé des Sénégalais). Mais leur désillusion a été à la mesure de l’énorme espoir qu’ils ont placé en Macky Sall. Non seulement, les prix des denrées de première nécessité n’ont pas baissé (où qu’ils l’ont été un petit moment avant de revenir à leur niveau antérieur et même à le dépasser pour certains produits), mais le chef de l’Etat n’a tenu aucune de ses promesses électorales comme la résolution du chômage des jeunes, des inondations, la fin des délestages… Et au lieu de proposer des solutions structurelles durables pour résoudre le problème des inondations par exemple, le Président Macky Sall sert des slogans creux aux Sénégalais (« Fendi »), distribue quelques clés de logements sociaux (« Tawfeex Yaakar ») à la qualité douteuse et promet un plan décennal qui coïncide curieusement avec la durée de deux mandats de cinq ans. Pis, on assiste à une pénurie d’eau potable dans la région de Dakar depuis quinze jours. Face à cette catastrophe sans précédent au Sénégal, le Premier ministre, Aminata Touré, n’a rien trouver de mieux à faire que de proférer des menaces contre la SDE et d’éventuels autres coupables. Les Sénégalais ne lui ont pas demandé de s’indigner mais de trouver rapidement une solution à ce problème. Quant au Président Macky Sall, il a embouché la même trompette que son Premier ministre depuis les Etats-Unis, mais il est allé plus loin en menaçant les manifestants comme si ceux-là n’avaient pas assez souffert ou qu’ils n’avaient pas le droit d’exprimer leur colère. Mais la demande sociale qui avait eu raison d’Abdou Diouf et qui a emporté Me Abdoulaye Wade n’épargnera pas Macky Sall. Parce que, désormais, rien ne sera plus comme avant. Il y a un avant et un après 24 septembre. Les Sénégalais ont rompu le silence suivant leur propre chronogramme. Le PDS a plusieurs fois tenté, sans succès, de les embarquer dans des manifestations contre la vie chère et l’incarcération arbitraire de certains de ses leaders. Mais le peuple a choisi son moment, souverainement. Même si la pénurie d’eau a été le déclic. Le Président Macky Sall est donc tenu de respecter ses engagements ou de partir car il a en face de lui un peuple qui ne tolérera plus que ses préoccupations soient reléguées au second plan. Il doit à cet égard mettre les bouchées doubles parce qu’il n’a plus beaucoup de temps. 2014 étant une année électorale, il n’a que 2015 pour poser des actes concrets dans le sens indiqué par les Sénégalais car 2016 sera une année pré-électorale. Mais s’il persiste dans des choix qui n’ont aucun caractère urgent sinon pour lui-même, le Président Macky Sall risque comme Me Wade qui a été emporté par ses chantiers, de se noyer dans ses réformes. Samedi 28 Septembre 2013 - 14:34

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