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mercredi 30 octobre 2013

L ETAT PYROMANE QUI L AURAIT CRU

Sandaga : Le désordre dans la peau…(Par Oumou Wane) Il faut avoir la vision d’une salamandre pour penser qu’il s’agit vraiment d’une brillante idée d’extirper le marché Sandaga de là où il se trouve aujourd’hui pour aller le replanter plus loin, juste à quelques encablures de là. La place Lat Dior est la malheureuse élue, tenez-vous bien, juste en face de notre palais justice. sandaga uneNon mais quelle idée ! L’on a beau se creuser les méninges dans tous les sens, aucune lueur intelligente ne vient nous démontrer que ceci est une bonne idée. Dès lors, comment nous persuader nous autres dakarois, de la pertinence de cette décision inique, cynique serait le mot qui sied tant les tenants et aboutissants de cette affaire échappent à notre entendement pourtant bien rompu aux reculades et flous artistiques. Comme des spécialistes du paso-doble, cette danse qui s’exécute d’avant en arrière, nos dirigeants depuis des décennies, ont été incapables de prendre des décisions tranchées dès qu’il s’est agi de régler ce problème. La dernière tentative de Aminata Niane d’oxygéner Dakar avait sonné la révolte des marchands ambulants qui nous ont donné un avant-goût de leur capacité de nuisance. Le maire de Dakar a pourtant l’air de tenir le secret, ses résultats dans ce domaine commençant à nous rendre optimistes, aucun repli de sa part n’ayant été noté à ce jour. Certes les intérêts divergents des uns et des autres favorisent ces va et vient, le politicien ayant toujours l’œil rivé sur sa courbe de popularité et sa hantise étant de fâcher. Si cette décision stupide est prise à la hussarde, à la hussarde il faudra la retirer donc car elle n’est pas bonne et voici pourquoi. Si l’idée de départ est de réamenager le centre ville, de le rendre moderne à l’instar de toutes les capitales dignes de ce nom, pousser la brouette pour aller la déverser quelques centaines de mètres plus loin aggravera le problème puisque le périmètre se sera élargi sans garantie que les troupes arrière suivent. Et rien n’empêchera qu’elles grossissent pour reconquérir dans les années à venir le lieu déguerpi et fleurir au bas des gratte-ciels qui pourraient y être érigés. Donc pour être efficace sur cette question il s’agit de mettre le marché ailleurs, en dehors du centre ville et de rendre ainsi service aux commerçants car pour aller à Sandaga, il faut vraiment le vouloir, les embouteillages rendant l’accès impossible. Et puis d’ailleurs, le marché Sandaga n’est plus un marché, il est devenu un vaste souk qui pousse comme une herbe folle et comme tous les souks, il est tentaculaire, son centre nerveux ne grossissant pas mais ses tentacules poussant sans limite et dans un mouvement circulaire prennent dans la nasse tout mètre carré inoccupé sur leurs passages. Or, le problème de fond à régler ici est de savoir comment reprendre la main sur ce centre ville, le réhabiliter tout en ne pénalisant pas les commerçants qui y gagnent leur vie. marché sandaga 1 Il y a certainement des pistes de réflexion, par exemple segmenter et spécialiser le marché et le disperser dans Dakar et sa banlieue, puisque ses clients viennent pour la plupart de la banlieue, l’endroit le plus peuplé de la capitale. Ceci décongestionnerait le centre ville et y diminuerait le nombre de ndiaga ndiaye qui s’y baladent, polluent et tuent. Des schémas ont certainement été suggérés par nos experts et peut-être dorment-ils dans quelques tiroirs. Installer le marché Sandaga nouveau look, au pied de notre palais de justice est comme mettre notre temple de Thémis dans la gueule du loup. Outre l’esthétique, parce qu’après avoir dépensé des milliards en routes et en palmiers pour apprêter notre corniche, enclencher la marche arrière pour venir remettre en cause tout ce pourquoi l’on s’est donné tant de mal, donne l’impression d’un manque de courage pour exécuter la chirurgie radicale qui sied à ce problème. Oxygéner et aménager notre centre-ville est une mesure qui n’a rien d’arbitraire contre nos commerçants mais fait partie d’une logique de réaménagement de Dakar devenu plein comme un œuf et qui menace d’exploser du fait de cet exode rural de personnes qui n’ont pas le choix, bouger de leurs villages ou mourir. Il leur suffit de prendre un taxi brousse pour venir à Dakar poser leur sac où ils peuvent et puis vogue l’eau ! Pourtant, il y a des pays comme la Tunisie qui gèrent ce problème avec un système de laisser-passer, d’une région à une autre, ce qui permet de contrôler le déplacement des masses et éviter une capitale qui explose. Mais ces pays ont créé en amont les conditions économiques pour maintenir les gens chez eux, nul ne voulant du reste s’arracher à l’amour des siens pour aller chercher de quoi les nourrir à des centaines de kilomètres de là. Cet exode nécessaire pour ces populations meurtries de nos régions a contribué à ruraliser notre centre ville, qui affichait hier des allures dignes de Pondichéry, lorsque salons de thé, magasins de mode, cinémas et restaurants attiraient dakarois et touristes qui se promenaient sans souci sur les trottoirs propres de l’avenue William Ponty. dakar sandaga Aujourd’hui, ce centre-ville devrait être le siège d’entreprises performantes qui oeuvrent dans les services et technologies de pointe aptes à créer des emplois. A moins d’avoir le désordre dans la peau ou de vouloir faire avaler notre palais de justice par ce marché goulu, l’on n’a aucune raison objective d’opérer cette délocalisation. Imaginons les étals comme des lierres au printemps bouffer les grilles du palais, puis de grignotage en grignotage annexer le parking redevenu friperie avant de transformer les escaliers qui mènent au Temple de Thémis en rayons pour fausses chaussures Nike ou Adidasque les bateaux qui accostent de Chine vomissent sans cesse sur notre pauvre ville déboussolée. Macky Sall doit reprendre la main sur cette affaire concoctée d’on ne sait où et mettre fin à la récréation. Car reculer dans cette affaire n’est pas une reculade, c’est de l’écoute ! oumou wane Oumou Wane Présidente Africa7

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