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jeudi 17 octobre 2013

LE CHE DES FOUS ET MERE THERESA DES ALIENES

Ansoumana DIONE, défenseur des malades mentaux: "Ma vie en prison..." Mon séjour à la Maison d'Arrêt de Reubeuss, je ne l'oublierai jamais. J'étais à la chambre n°3 que je partageais avec plus de deux cent détenus. C'était inhumain. Arrivé dans la soirée du Lundi 17 Septembre 2012, aux environs de 20 heures, j'étais conduit en même temps que d'autres prisonniers, à bord d'un bus totalement rempli. En cours de route, certains pleuraient à côté de ceux qui se lamentaient, visiblement gagnés par la douleur et la tristesse. En vérité, j'ai eu beaucoup de pitié pour eux, oubliant que nous étions tous dans la même situation. Pour moi, je ne me faisais aucun souci. J'étais libre dans ma conscience. D'ailleurs, je rendais grâce à Dieu, en ces termes: "Alhamedou Lillelahi Rabbile Halamina", et il en était ainsi jusqu'à ce que les portes de la prison se refermèrent derrière nous. La bas, je me suis senti très heureux d'être incarcéré pour mon engagement à défendre les malades mentaux, dans l'intérêt supérieur de la nation. Auparavant, en quittant les caves du Tribunal où nous étions entassés sous une chaleur accablante, je m'étais déjà bien préparé psychologiquement, en me mettant en tête que c'est des êtres humains que je trouverai sur place, de toutes les façons, quel qu'en soit le nombre. Et, cela m'avait beaucoup aidé puisqu'en aucun moment, je ne suis plaint de la promiscuité et de la chaleur qui régnaient en maître dans cette pièce, pourtant considérée comme étant la moins surpeuplée. En réalité, mon séjour dans cet endroit où tout s'effectue entre quatre murs, pouvait être encore plus long si j'avais été présenté au Procureur de la République, comme c'était initialement prévu, le Vendredi 14 Septembre 2012. Pour rappel, j'ai été arrêté le Jeudi 13 Septembre 2012, par des éléments de la Brigade d'intervention polyvalente (BIP), de la Police, préposés à la Présidence de la République où je tenais un Sit-in. En fait, c'était pour dénoncer l'attitude du Gouvernement de Monsieur Abdoul MBAYE qui avait royalement occulté le sérieux problème des malades mentaux errant dans tout le pays, à l'occasion de la déclaration de politique générale du Lundi 10 Septembre 2012, après avoir bien sûr attiré son attention à maintes reprises, à travers des correspondances. C'était seulement vers 11 heures que j'ai été cueilli et placé en garde à vue au Commissariat du Plateau où j'ai passé la nuit à même le sol, avec d'autres individus. Le lendemain, j'ai été placé sous mandat de dépôt. Heureusement, j'ai bénéficié d'un retour de parquet. Ainsi, j'ai été transféré en même temps que d'autres détenus, à bord d'un véhicule, au Commissariat Central où je resterai jusqu'au Lundi, pour être vu enfin par le Procureur vers 18 heures 30 minutes, qui me déférera finalement au parquet. Jusqu'ici, je suis resté très serein comme durant toute ma détention, toujours calme et souriant. Cela avait beaucoup étonné d'ailleurs mon épouse qui était venue me rendre visite le Samedi, avec du repas bien préparé, accompagnée de mon jeune frère qui lui, m'a offert une importante somme d'argent. A vrai dire, les policiers des deux Commissariats m'avaient traité avec beaucoup de respect et de considération. Je les salue ici et les remercie tous sincèrement, au passage. Aussi, durant tous les sept jours au total que j'ai été privé de liberté, et la cause en valait suffisamment la peine, si l'on sait à combien les malades mentaux souffrent et font souffrir les populations, jamais je n'ai raté une seule de mes prières. A l'issue de celles-ci, je formulais des voeux ardents pour moi-même, ma famille, mes parents, proches et amis, ainsi qu'à l'endroit du Chef de l'Etat, Son Excellence Monsieur Macky SALL, pour un Sénégal prospère, sachant qu'un missionnaire n'est jamais compris. A la Maison d'Arrêt de Reubeuss, à la chambre n°3, j'ai trouvé une communauté solidaire, très organisée, avec un Chef de Chambre, un prisonnier, bien sûr, et un responsable pour chaque domaine d'activité, tels que l'entretien des lieux, la gestion des toilettes, la répartition des repas, entre autres. Après quelques formalités d'usage, effectuées sous la supervision de jeunes gardes pénitenciers, j'y passe ma toute première nuit sur un lit en fer, couvert de Matelas d'environ deux centimètres d'épaisseur. Contrairement à certains qui étaient beaucoup plus à l'aise à leur place, nous étions, nous autres, à l'heure du coucher, superposés, avec une équipe chevronnée, chargée d'accomplir cette tâche. Mais, avant cela, juste après la prière de la nuit, observée en groupe, dirigée vers le Nord et non à l'Est, pour des raisons de commodité, vu l'étroitesse des lieux, un groupe de prisonniers avaient formé un cercle, sagement assis sur des nattes, pour réciter des poèmes où "khassaïdes" de Serigne Touba Khadimou Rassoul, avec du café, soigneusement préparé sur place, servi au plus chanceux. Pendant ce temps le poste téléviseur qui servait de détente, est éteint et nul n'avait le droit d'élever la voix. Le lendemain matin, tous les nouveaux venus sont regroupés au niveau du service social, pour d'autres formalités. La bas, un Assistant social, très courtois, nous enseigne les bonnes conduites à tenir dans cette demeure où tout est gratuit, ainsi que ses modalités de fonctionnement. Au retour dans la chambre, le rythme fût le même tout au long de la journée: discussions, prise de thé sous des fumées de cigarettes, les yeux rivés sur le petit écran, des va-et-vient incessants en direction des toilettes, occupées en permanence, 24 h / 24. Mais, ce qui m'a le plus marqué dans ce lieu de détention, est le morceau de pain, servi comme petit déjeuner. Et, du riz, presque en entier, de la bouillie ou du couscous, forment le menu pour le déjeuner et le dîner. Chaque matin et soir, nous répondions à l'appel d'un garde pénitencier et gare à celui qui ne dit pas clairement: présent. A l'heure de la récréation qui constitue le meilleur moment de la journée, nous nous retrouvions au terrain de sport, soit pour laver le linge, jouer au foot ball ou contempler le ciel tout en faisant les cent pas. Il en était ainsi, pour moi, jusqu'au Mercredi 19 Septembre 2012 date à laquelle je suis retourné au Tribunal pour être jugé en flagrant délit. Ce jour-là, à cinq heures du matin déjà, je m'étais correctement habillé. Arrivé à l'entrée du Tribunal vers 10 heures, à bord de la toute dernière rotation du bus ne transportant seulement que dix neuf prisonniers, j'ai aperçu mon épouse, portant sur son dos notre bébé, âgé de neuf mois, accompagnée des membres de l'Association Sénégalaise pour le Suivi et l'Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM). De l'intérieur du véhicule, nous nous sommes très vite salués et je lui ai présentée toutes mes excuses pour l'avoir faite souffrir pendant cette longue période. Vers 13 heures, j'ai été relaxé par le Tribunal pour absence d'infraction, suite à une belle plaidoirie de mes Avocats que je remercie à nouveau, Maître Assane DIOMA NDIAYE et Maître M'BENGUE qui lui, m'a fait beaucoup pleuré de par ses vérités. Il avait clairement tenu l'Etat du Sénégal comme étant l'unique responsable de ma situation, pour avoir refusé de me suivre convenablement dans l'exécution de ma noble mission de prise en charge et de réinsertion sociale des malades mentaux errants. Pour qu'il y'ait manifestation, il fallait au moins la présence de deux personnes alors que j'étais seul devant la Présidence de la République. Aux environs de 17 heures, nous retournions en prison où je passe ma troisième et toute dernière nuit, pour ne sortir que le lendemain, Jeudi 20 Septembre 2012 vers 14 heures, et continuer aussitôt le combat entamé depuis 2000, en faveur des malades mentaux./ Mardi 8 Octobre 2013 - 13:35

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